Gilets jaunes : pour un nouvel horizon social

Le mouvement des Gilets jaunes est un événement au sens fort : son surgissement a pris tout le monde, quidam ou spécialiste de la pensée, par surprise. On peut toujours en expliquer les causes factuelles – une histoire de taxe sur les carburants -, lui dresser de manière plus ou moins convaincante une généalogie historique, enquêtée et argumentée sur sa composition sociale, mais ce sera un travail d’interprétation a posteriori, et nul ne peut prétendre l’avoir prévu. Cet événement a donc un sens fort, mais lequel ? Pour répondre, il faut le replacer dans une temporalité plus longue, celle des luttes sociales dans le capitalisme français (et donc mondial) depuis 1968. […] La socialité née sur les ronds-points, qui échappe au temps de l’économie et aux rôles sociaux (notamment genrés), est déjà en elle-même une piste pour combattre ces normes et elle favorise aussi les échanges d’expériences qui permettent de dépasser l’opposition entre la question de la fin du monde et celle des fins de mois. Pour que nous ayons le temps d’avancer sur ces pistes-là, il faut tenir bon sur les points forts du mouvement : sa magnifique solidarité face à la répression, et le refus obstiné de la représentation (malgré les porte-parole médiatiquement fabriqués). Plutôt que de céder à la tentation du Grand Babla national, du dialogue obligatoire avec les autorités comme s’il allait de soi qu’on leur déléguait la tâche de décider de tout à la fin, c’est à nous de continuer à avancer à notre rythme. Continuer à prendre le temps. C’est le propre de l’événement de nous obliger à repenser aussi bien nos outils de pensées que nos priorités d’actions et, d’une façon très générale, au niveau des groupes comme de l’ensemble de la société, notre manière d’employer le temps. Source : Lundimatin.fr Revu et amendé pour le présent ouvrage, 4 mars 2019. Nous ne sommes ni périphériques, ni invisibles Marion Messina […] Il n’y a pas plus ringard que cette mentalité d’avarice teintée de dégoût pour le peuple. Pas plus anachroniques que ces ex-maoïstes réclamant le respect des institutions et le maintien de l’ordre. Pas plus ridicule que ces bonnes consciences de l’anti-racisme, si promptes à dégainer la carte du racisme d’État, qui restent de marbre face au passage à tabac d’un homme noir désarmé à Toulon, par un gendarme décoré de la Légion d’honneur quelques jours plus tôt. Tout comme ces défenseurs acharnés des minorités et les chasseurs d’injustice qui laissent un gitan au casier judiciaire vierge être placé en prison avant toute forme de procès pour avoir frappé un gendarme. Christophe Dettinger a eu la dignité de se rendre et de reconnaître la laideur de la violence qui l’a submergé. Pour nous, il n’y a pas d’immunité parlementaire. Il n’y a pas plus insupportable que ces gens qui se réjouissent de la « bonne santé du marché de l’immobilier » qui laisse à la porte ou pousse à la rue des gens de plus en plus nombreux, qui maintient chez leurs parents des jeunes adultes de moins en moins jeunes, les confinant dans une humiliation symbolique et un désespoir affectif absolus à l’âge où ils pourraient élever leurs propres enfants. Ces mêmes bonnes gens qui semblent sortis d’un autre siècle et voient le revenu sur le patrimoine exploser en même temps que le revenu du travail, le seul dont disposent les classes laborieuses, s’effondre. Ces citoyens modèles qui lisent les pages saumon en s’inquiétant de la fuite des touristes des beaux quartiers, qui réclament leurs sels en voyant des manifestants, qui exigent la diminution des dépenses publiques pour les enseignants et le personnel hospitalier mais ne trouvent aucune objection à ce que l’État paye une fortune les équipements de guerre anti-émeutiers. L’État dépensier qui ne pose aucun problème à leur porte-monnaie quand il peut mutiler des travailleurs participant à leur premier mouvement social et faire taire de trop grandes gueules longtemps fermées. […] Média-Presse.fr, janvier 2019 La fraja des gilettes jaunes Minna Sif […] Ce jour-là, je défilais avec mon amie d’enfance Taous, en soutien aux huit personnes mortes sous les décombres des taudis marseillais du quartier Noailles et aux milliers de Marseillais contraints de quitter leurs logements frappés d’un arrêté de péril. Tout un exode du centre ville s’organisait. Des familles entières éparpillées dans les hôtels, jetées par-ci par-là, hébétées, anéanties par la violence des politiques du logement. Des années pour s’en remettre sous le coup des dépressions nerveuses. Des vieux abattus, ayant perdu tous repères. Des enfants qui font leurs devoirs sur un lit de chambre d’hôtel. Les casseurs venaient d’en haut. Tout à coup le peuple en prenait conscience devant les ruines fumantes de la rue d’Aubagne et devant les portraits lumineux des victimes. Les casseurs du système social s’organisaient pour reprendre le ventre de la ville à coups de morts et d’expulsions. C’était cela la violence inouïe. La république c’est quand même avant tout la préservation des êtres humains. Voilà qu’il n’en est rien. On tord l’humain, on le brise. L’enjeu mercantile est que le centre ville devienne un déambulatoire à touristes. Me sont alors revenues en mémoire mon enfance et mon adolescence dans ces mêmes taudis. Rien n’avait changé depuis les années 1970. Cette même indifférence pour les plus pauvres perdurait jusqu’au dégoût de la part des élites urbaines. On découvrait avec stupeur que des notables marseillais étaient marchands de sommeil. Des suçons de pauvres qui paradaient dans les conseils municipaux. La haine du pauvre légitimait les profits les plus orduriers. Mais cela avait toujours été. J’en suis témoin. Je crache à la figure de ceux qui se réveillent de cette hypocrite amnésie et palabrent aujourd’hui sur Marseille et son habitat sinistré. Ils savaient. Tout le monde savait. Personne n’a jamais rien fait, ni rien dénoncé car personne ne se serait risqué à défendre des immigrés, des noirs, des Arabes, des plus pauvres que les pauvres. […] « Quand à Macro, dit ma mère, il fait donner le bâton aux gilets jaunes. C’est l’homme qui tue les vieux et les vieilles de France. Il nous hait. On n’est plus bonnes à rien. J’ai travaillé 36 ans comme femme de ménage. J’ai élevé seule quatre enfants. Je touche 900 euros par mois de retraite. Macro m’en mange 500 euros en charges diverses. Il me reste 400 euros pour vivre. Quand j’ai réclamé 1000 euros d’aide sociale à ma caisse de retraite complémentaire pour m’acheter une machine à laver et une cuisinière, ils m’ont répondu que je touche assez pour me les acheter d’occasion. Moi aussi je suis une gilette jaune ! » […] Les droits d’auteurs de l’ouvrage Gilets jaunes, pour un nouvel horizon social, éditions Au Diable Vauvert, sont versés aux Gilets jaunes.

Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l’Assemblée « Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Et une deuxième erreur a été faite : le fait d’avoir probablement été trop intelligent, trop subtil, trop technique dans les mesures de pouvoir d’achat. » (17/12/2018, Public Sénat)

Suite et fin du compte rendu de la soirée Gilets jaunes

Dominique Thonin

Je suis content d’être là. Ce n’était pas prévu, vu que trois invités se sont décommandés. Je suis là parce que, comme tout un chacun, j’ai été interpellé par les Gilets jaunes (GJ) et je me suis dit, quand je les ai vu bouger : ça c’est bon, au moins les gens commencent à comprendre et à bouger. Ce mouvement inquiète en haut, au niveau du gouvernement. Il m’a posé nombre de questions et je me suis interrogé sur ces gens qui sillonnaient les ronds-points. C’est dû au fait que je suis sensible à la misère des gens, à la misère sociale, aux personnes qui, tous métiers confondus, policiers, infirmières, etc., se suicident. Je suis également sensible à toutes les personnes sans-abri et plus globalement à l’injustice, sous toutes ses formes. De là m’est venu l’idée d’écrire ce petit bouquin que j’ai appelé, modestement, « Le Petit Livre jaune » en référence au « Petit Livre rouge » et j’ai essayé de faire une analyse politique, qui n’engage que moi, de la politique actuelle. J’ai avancé des hypothèses pour le changement, c’est ce que demandent tous ceux qui sillonnent les carrefours, notamment le RIC (referendum d’initiative citoyenne), le RBI (revenu de base inconditionnel), enfin toutes ces revendications.

Je reviens sur les analyses que j’ai faites ; je me suis posé des questions sur la démocratie représentative. En fait comme bon nombre de gens, elle ne me convient pas. J’ai plutôt tendance à la démolir qu’à l’encenser. Pour répondre à cette interrogation et y apporter une solution, je fais référence à la démocratie athénienne qui a perduré pendant deux cent ans. C’est un gouvernement par et pour le peuple : l’origine grecque c’est démos, le peuple, et cratos, le pouvoir. Donc ça veut dire le pouvoir par et pour le peuple. Donc la démocratie représentative c’est un oxymore, c’est-à-dire que « démocratie » et « représentative » sont deux mots contraires puisqu’une démocratie c’est le peuple ; une démocratie représentative ça n’a pas lieu d’être. J’ai analysé la dette publique, qui est une grosse escroquerie : je me réfère à des gens qui se sont penchés dessus. Je parle également du carriérisme politique : la démocratie représentative a ceci de particulier et d’énervant, c’est qu’on a à faire à des carriéristes politiques. Ca fait quarante ans que je vois les mêmes. Son corollaire, c’est le pouvoir des banquiers : inutile de vous en parler puisque c’est eux qui mènent la barque et le monde. Je parle du groupe Bilderberg : c’est un groupe qui se réunit une fois par an avec tous les grands pontes de la politique, des médias, etc. et qui n’est pas public. On peut imaginer que ce sont eux qui dessinent les grandes lignes pour nous tous. Je me suis attaqué à la Commission européenne parce que c’est une grosse usine à gaz qui ne profite qu’aux élus et aux lobbys, dont le plus puissant d’entre eux, celui des banquiers. Et j’ai fait une petite analyse sur le Rassemblement National, parce que beaucoup de personnes s’interrogent sur l’ampleur que prend le RN d’année en année. J’ai pour habitude de dire que la droite est bien de gauche et la gauche mal à droite. Ça veut dire en substance que si le RN connaît une telle ascension, c’est parce que nos dirigeants politiques sont mauvais.

Les solutions, car il ne faut pas se contenter de critiques. Essayer de mettre en place l’équivalent de la démocratie athénienne. C’est quoi ? Un tirage au sort sur la base du volontariat. Les tirés au sort seraient amenés à remplacer nos députés et nos sénateurs et en quelque sorte à décider et gouverner par le fait. En substance, c’est ce qu’il y a dans le bouquin. En fait la démocratie athénienne, c’est ce que veulent les Gilets jaunes. Ils demandent à reprendre un peu les rênes du pouvoir. Et avec la démocratie athénienne, on reprend un peu les rênes du pouvoir. Si Macron avait accordé le RIC aux Gilets jaunes on n’en serait pas là, parce qu’avec le RIC on peut aborder tous les sujets.

Mais essayer de donner des solutions, ça ne s’arrête pas là. En filigrane il y a l’idée de corroborer un peu les revendications des GJ et surtout d’apporter une perspective. Donc j’ai créé dernièrement un mouvement politique qui s’appelle « Totale démocratie ». Ça parle tout seul. Le site est opérationnel. Pourquoi ? Il a pour seule et unique promesse (pas la peine d’en faire cent si c’est pour n’en tenir aucune) si la personne qui le représente était élue, de redonner les pleins pouvoirs au peuple. Et pour ce faire, je serai candidat à l’élection de 2022.

Antoine :

J’ai été délégué ici par le groupe Gilets jaunes unis 87, qui est le dernier groupe vraiment actif à Limoges. Je suis aussi militant politique et syndical (enseignant). Je trouve important de le dire, parce que ça va être lié avec ce que je vais développer et c’est lié avec ce qu’on entend beaucoup dans le milieu militant : que les Gilets jaunes ne voulaient pas de militants politiques ni syndicaux. Pour ma part, j’ai commencé autour du 20 novembre et je n’ai jamais caché que j’étais militant. On ne m’a pas arraché les yeux et on m’a très bien accepté, et à l’occasion j’ai même été élu délégué. Donc au sujet de la méfiance des GJ, on a peut-être exagéré.

Ça va être dur de brosser rapidement un bilan d’étape qui a demandé une implication intense de ma part et de celle de mes camarades, depuis des mois. Nous sommes à quelques jours du premier anniversaire du mouvemment, et à la veille peut-être d’un nouveau départ. Car encore plus que cet anniversaire du 17 novembre on a, de manière assez violente, beaucoup d’événements qui se télescopent, qui pourraient jouer ensemble ou séparés : voilà la carte qu’on a à jouer. Ces éléments qui se produisent depuis plusieurs mois (le homard de de Rugy, les répercussions des affaires Benalla, etc.) ont produit une décrédibilisation totale du monde politique, du soi-disant nouveau monde macronien ; on le voit dans la façon dont sont traités les députés macroniens : une armée bien rangée « en marche » est devenue une bande de députés qui sautent de tous les côtés avec tel ou tel, et qui ne sont pas d’accord entre eux. Il suffit de lire Le Canard enchaîné depuis quelques mois : on s’aperçoit qu’ils ne tiennent plus grand-chose et ça montre un certain affaiblissement. Dans le même temps on a une décrédibilisation de la police. Chez les GJ, au début, ça criait « La police avec nous !», aujourd’hui ça serait difficile d’entendre encore cela. Dans l’opinion s’est inscrite une dénonciation de la fonction policière, surtout maintenant que les procès arrivent enfin, même dans les médias.

La question climatique est toujours aussi présente. Des ponts ont été jetés entre les milieux « Nuit debout » juste écolos et les GJ qui étaient au départ loin de ça. Des parallèles sont faits tant dans la forme prise par les luttes que dans les parties prenantes.

Quant à la question sociale, avec les retraites elle est toujours un peu plus prégnante. Il est évident que le dégoulinement n’a pas eu lieu ! [le prétendu « ruissellement » NDLR]. J’avais croisé au tout début un militant macronien, petit cadre local qui m’expliquait : « C’est à la suédoise, vous verrez. On fait d’abord la flexibilité. La sécurité, vous verrez, elle arrivera après ». Manifestement, on n’a eu que la flexibilité, et il faudra être bien flexible pour ramasser les graviers.

On a tous ces trucs-là qui se télescopent. Par exemple, je sors d’un débat dans une école avec des gens qui ne sont pas plus militants que ça, qu’on ne voit pas dans toutes les grèves, etc. ; leur discours, aujourd’hui, c’est : « Il va falloir retenir les leçons des Gilets jaunes, il est hors de question d’en rester à la petite manif plan-plan, et il faut se faire plaisir avec de nouvelles formes d’action ». Et nous, on pousse dans ce sens.

Bien sûr, ça ne veut pas dire que tout le mouvement syndical est sur cette position. Mais voilà ce qu’on n’entendait pas il y a quelques mois, qu’on n’entendait pas dans mon milieu d’instits. Donc je vais essayer de voir ce qui a merdé durant cette année de mobilisation et voir aussi (mais c’est peut-être une focale un peu fermée d’un militant syndical et politique dans les GJ) tout ce rapport à l’idée que c’était un mouvement inédit. On a passé notre temps dans le milieu militant à entendre ça. Je crois que dire que c’est inédit permet d’évacuer un certain nombre de choses. On ne peut pas tirer de leçon d’un truc qui est en permanence inédit : « Ouais, c’est trop compliqué », c’est une manière de passer rapidement sur les choses et ça permet de dire : « Je ne peux pas participer, je ne sais pas où ça va ». C’est important de construire du référent.

La bourgeoisie, les médias ont essayé d’imposer des référents. Un référent tout trouvé pour le camp adverse, c’est celui des jacqueries : en gros c’était les petits paysans énervés qui allaient brûler le château du coin, puis rentraient chez eux pour éviter de se faire pendre sur la place publique. Gérard Noiriel explique que c’est un peu plus compliqué que cela, qu’il y avait de très bonnes raisons sociales, et que les jacqueries on les a salies. Mais dans la bouche des médias quand on parle de jacqueries c’est ça, ce sont des arriérés. Et quand on renvoie les GJ aux jacqueries, à ces paysans des provinces qui s’élèvent contre le pouvoir jacobin, ou royal, appelez-le comme vous voulez, ça veut dire qu’ils n’y comprennent rien parce que c’est trop compliqué pour eux. C’est une petite colère et on va régler ça. Au lieu de leur filer la poule au pot du dimanche, on leur donnera un peu d’essence et ils rentreront chez eux. C’est un peu ça. A chaque fois qu’on a comparé les GJ, dans les médias, c’était pour les salir.

Or il y a eu un jumeau intéressant. La différence avec notre mouvement, c’est que cela a été un mouvement qui gagne : c’est le mouvement contre la Poll-tax en Angleterre en 1990. La limite de ma comparaison, c’est que ce sont deux pays différents et deux périodes différentes. Mais il y a beaucoup de points communs : l’ultralibéralisme avec Thatcher/Macron, la question fiscale, des contextes sociaux proches avec un mouvement ouvrier moribond (le mouvement des dockers), la faiblesse des organisations syndicales et d’extrême gauche, la montée des nationalismes (ratonnades, guerre des Malouines), l’augmentation des inégalités sociales… et ce mouvement a pris des formes et des rythmes proches du mouvement des GJ, et des critiques proches : des classes sociales disparates qui y participent, une grande radicalité des moyens d’action (banques brûlées pendant une manifestation, attaque de l’ambassade de l’Afrique du Sud en période d’apartheid), répression et violences policières féroces, mêmes attaques médiatiques et grande popularité. Mais les manifs sont très minoritaires : la plus grosse manif londonienne fut de 200.000 personnes, ce qui n’est pas énorme pour le Royaume-Uni. Et pourtant le mouvement gagne et fait démissionner Thatcher. En france, on n’a pas remporté une telle victoire, même s’il y a eu de petites choses.

La différence, c’est que le mouvement social anglais a compris un truc que nous n’avons pas su faire passer. En Angleterre l’idée était que le combat contre la Poll-tax était légitime pour et par notre classe. L’implication des militants du mouvement social était forte. Ils ont réussi à faire émerger la FED. Nous on a essayé, avec l’Assemblée des assemblées, mais on n’a pas réussi à faire émerger une parole commune. Il y a quelques figures individuelles avec leur compte Facebook et leur followers. L’Assemblée des assemblées a permis de rassembler des délégués de plus de 400 groupes, avec des gens qui avaient des habitudes militantes, et aussi des gens qui ont découvert une pratique sur les ronds-points. Il y a des trucs intéressants dans la réflexion, mais on n’arrive pas à devenir audible en tant que groupe qui arrive à se rassembler, à se coordonner.

Par exemple on a pondu des journées contre la répression, et à cette date dans tous les lieux où il y avait un de ces groupes il s’est passé quelque chose ; mais on n’a pas réussi à faire comprendre que c’était un début de structuration nationale. Ca aurait pu être intéressant pour dire « les Gilets jaunes ont des trucs à dire » et ils ne sont pas juste dans cette complexité de dire un peu tout et n’importe quoi. Ils arrivent à discuter entre eux et à porter quelque chose de commun.

Alors, pourquoi ça n’a pas marché ? Dans son bouquin [Jojo, le Gilet jaune, Gallimard, 2019. NDLR ] Danièle Sallenave explique en partie pourquoi notre milieu culturel, militant, a eu du mal à entrer là-dedans. Je trouve que c’est assez intéressant. Elle attaque le rapport des GJ à l’éducation et celui du milieu enseignant envers le peuple, le côté mépris social, mépris de classe, qu’on a beau vouloir combattre mais qui est ancré dans nos milieux. C’est ce que l’on retrouve dans certains textes présentés ce soir par l’Etoile grise. C’est compliqué à dépasser et ça explique notre manque. Donc ça a été compliqué d’entrer dans ce mouvement avec quelques camarades syndicaux et ceux du groupe politique auquel j’appartiens.

D’autre part il y a deux périodes dans ce mouvement : la période des ronds-points qui va, selon les endroits, de décembre à janvier, où ce sont des groupes très identitaires, lié chacun à son rond-point, avec chacun ses modes d’action. A Limoges il y en avait principalement deux : un au nord et un au sud. J’ai essayé de faire le lien entre les deux parce que je pensais que c’était utile, même vis-à-vis des flics par rapport aux actions pour se coordonner. Mais c’était compliqué.

Et puis il y a eu un deuxième temps. Après s’être fait virer des ronds-points on se cherche et on perd beaucoup de temps là-dessus. Qui est avec qui ? Qui fait quoi ? etc. Et on finit avec des groupes plus politiques, c’est-à-dire avec une prise en compte plus globale, parce que cela faisait déjà trois ou quatre mois qu’on était en lutte et que en discutant, en confrontant, on s’était ouvert à d’autres questions. Là j’ai parlé des erreurs, des défaites liées en partie au fait qu’une partie du mouvement social est restée très loin et n’a pas aidé à cette structuration, n’a pas aidé à aller plus vite dans les débats, parce qu’il y avait la peur du facho, et plein d’autres peurs à la con. Cette perte de temps a fait que la structuration, la maturation sur certaines questions aurait pu être plus rapide. Là où il y a un point positif pour l’avenir et le télescopage dont je parlais au début, c’est que cela prouve une chose pour les militants plus ou moins organisés : on doit être là où ça se passe, là où ça lutte, et les élections ça peut servir à se faire voir mais ce n’est pas là qu’on va changer la vie (comme disait Mitterrand). Il n’y a pas de révolution par les urnes (comme dit Mélenchon). Ce n’est pas dans les urnes que ça se passe. Là où on gagnera pied à pied contre les fachos, c’est en étant là où ça lutte, en allant sur les piquets de grève, sur les ronds-points, en allant dans les discussions. Parce que, dès les premières semaines, là où on a été présents, les questions racistes se sont effacées et ont disparu. Vraiment il y a eu un dépassement. Nous aujourd’hui, le groupe des GJ unis 87, il se réunit au squat de l’avenue de la Révolution, tenu par la Cantoche, par les migrants et par Chabatz. Je pense que c’est un symbole ! Quand on regarde ce qu’il s’est passé à Montpellier et les groupes qui sont dans cette convergence plus ou moins avancée, eh bien elle est presque partout dans les groupes qui participent aux Assemblées des assemblées. On doit converger sur la question climatique, sur la question des migrants, etc. On a organisé des trucs féministes dès le début. Et pourtant on a encore cette représentation-là dans les médias : « Les GJ c’est des abrutis xénophobes, racistes, sexistes, qui veulent brûler du gasoil et rouler à plus de 90 ».

Le débat :

Un intervenant : Je suis militant CGT, je travaille chez Legrand et je me pose encore la question : « Pourquoi je n’y suis pas allé ? » C’est peut-être la peur de tout ce que tu disais et aussi le fait que je suis un trop vieux militant. Je ne suis pas capable de m’investir dans deux mouvements aussi différents que les GJ et la CGT. J’ai fait mon trou et je suis au clair avec moi-même à la CGT, et en étant aux deux, j’aurais la sensation d’avoir le cul entre deux chaises. C’est peut-être là que ça a coincé : à un moment donné il faut peut-être dépasser les organisations existantes.

Un intervenant :

J’ai l’habitude d’aller dans pas mal de mouvements, syndicaux ou autres, mais je ne reste jamais dans les groupes. Ça m’a permis dès le 24 novembre d’aller chez les GJ dans différents endroits, à Tours, Pau, Bordeaux, et aussi à Limoges. Je peux comprendre le sentiment des personnes qui sont souvent dans les mouvements syndicaux et qui ont été un peu perturbées par le fait que souvent les GJ étaient en train de trouver des solutions et d’analyser la situation tous ensemble, sans qu’il y ait de représentant, ce qui peut paraître étonnant mais j’ai trouvé ça très intéressant. J’invite tout le monde à faire partie de ces choses-là. Parce que je trouve que ce qui manque en ce moment, c’est que tout le monde dans la cité participe aux délibérations, sinon on n’aura que la parole des présents et cela rendra difficile l’acception des décisions par chacun.

Dominique Thonin :

Je voudrais revenir sur ce qu’a dit Antoine, qui affirme que les décisions ne pourraient pas se prendre par le biais des urnes. J’ai une autre vision de la chose. J’ai apporté deux comptes rendus d’enregistrements Youtube. Quand on dit que le vote est un expression démocratique (on l’entend souvent en France : « Nous sommes en démocratie en France »), c’est faux, je vous l’ai démontré succinctement tout à l’heure, puisque « démocratie représentative » est un oxymore. Quand on dit que le vote est une expression démocratique je m’inscris en faux. Tout le monde connaît Jacques Attali, je dis dans mon livre que c’est l’homme qui murmurait à l’oreille des présidents. Il a dit un jour sur une vidéo : « La finance a déjà choisi son président de la République, ça sera une femme ». Peu de temps après, dans une autre vidéo, il a dit : « Je crois connaître la prochaine présidente ». Je me suis dit que c’était peut-être Christine Lagarde ou la patronne des patronnes, Parisot. J’ai tapé sur Google « Jacques Attali » et « prochaine présidente de la République » et je suis tombé sur Marion Maréchal-Le Pen. Donc s’il est vrai que la finance a déjà choisi le futur président de la République et que c’est une femme, ça veut dire que Macron va gicler, peut-être qu’il n’est pas assez efficace pour eux, même si c’est réellement leur ami. Il n’aurait pas remporté la dernière élection s’il n’avait pas eu l’appui des amis de la finance, du CAC 4O et des chaînes de télé. Plus une personne passe à la télé, surtout quand c’est relayé par des amis qui détiennent les chaînes de télé, et plus elle a de chances d’être élue. Comme disait Coluche, si voter était utile, cela ferait longtemps que ce serait interdit. Là on est devant le fait accompli : si la finance a déjà choisi sa présidente, ça me pose un problème démocratique. Ce n’est plus la peine de se déplacer. Je reste persuadé que Gilets jaunes ou pas, vous tous ici présents, la meilleure façon qu’on a de faire son choix et peut-être de faire changer les choses, c’est par le biais des urnes. Mais avant d’arriver aux urnes et de faire partie des candidats, il reste une pierre d’achoppement, ce sont les 500 signatures. Pour un candidat lambda comme moi, même en passant du temps et du pognon, je ne les aurai pas. C’est une des raisons essentielles qui me ferait descendre dans la rue, parce que je suis convaincu que sans cette possibilité d’avoir des gens lambda qui puissent se présenter, on aura de fait un président de la République choisi par la finance.

Antoine :

Sur l’idée que c’est difficile de dépasser les organisations existantes, je comprends, c’est ce qu’ont vécu pas mal de camarades. Pour moi ça a été plus facile parce qu’à ce moment-là il ne se passait rien dans mon syndicat à l’Education nationale, ça m’a aidé. Je crois qu’il y a deux choses : d’une part la difficulté de lâcher l’identité de son organisation. A force on y est habitué, comme à ses copains, à son drapeau, à son badge, et il n’y a aucun mépris là-dedans. C’est mon cas aussi, c’est normal, on crée des identités d’organisation. D’autre part il y a ce qui procède d’une sorte de division idiote, voire d’une trahison consciente de la part des organisations syndicales. Nous les GJ unis 87, contre la fermeture du centre de tri postal en zone nord, nous avons bloqué ce centre toute une après-midi. C’était un jour de grève. On n’a pas vu un seul camarade syndicaliste ! On fait la même chose sur la question des impôts. Là aussi, on a passé deux heures à l’intérieur du centre des impôts à discuter. Et là aussi, pas un camarade syndicaliste ne se pointe ! A un moment, ça signifie que l’on a fait le choix de rester à côté.

Je ne parlerai pas de la manif du premier mai, dramatique, ce qui est en partie dû à notre connerie à nous, à notre fatigue : au bout d’un certain nombre de rendez-vous manqués, on finit par ne plus être très malin. Et à Limoges ça a été compliqué, ce jour-là. J’espère qu’on ne loupera plus ce genre de convergence. Mais au niveau national, là où il y a les états-majors, c’est pire, il y a une forme de trahison. Je suis à la FSU et on est un certain nombre à le penser. La manif parisienne du 1er mai a été ultraviolente avec les flics comme beaucoup de manifs parisiennes, toulousaines, rennaises, bordelaises, nantaises et tant d’autres depuis longtemps, et depuis des mois il y a des raisons de parler de violences policières. Le cortège de la CGT arrête sa manif parce que les flics les tabassent trop, et il n’y a guère de mots sur la violence policière, mais la dénonciation d’une violence diffuse ; FO ne participe même pas à la manif parce qu’ils flippent ; et quand mon syndicat se pointe, il le fait avec un service d’ordre maigrelet de 12 personnes, ils se font allumer par deux tirs de LBD dès le départ de la manif, ils se disent qu’ils n’ont pas les moyens d’assumer la manif, et Bernadette Groison qui est la secrétaire générale de la FSU prend la parole dans Le Parisien et dit : on m’a confisqué mon 1er mai syndical et politique, la violence des casseurs et des Gilets jaunes… et pas un mot sur les violences policières ! Je ne sais pas pourquoi elle fait ça. En interne, ça a gueulé, mais il n’y a pas eu de démenti. Et ça fait des mois qu’on subit cette violence. Heureusement, localement on pense et on fait l’inverse. J’espère que c’est dépassé, que des pas ont été faits depuis. Mais je ne suis pas certain que la convergence se fasse réellement. Ça se fait à deux. Les Gilets jaunes ont fait leur pas. Et il ne s’agit pas de reprendre les manières des GJ, mais de s’en inspirer.

Sur la question des urnes. Tu as raison : chez les GJ il y a cette exigence de démocratie, une recherche de solutions, il y a l’émergence de la question du communalisme, la méfiance envers les médias main stream (vu ce qu’ils sont devenus dans notre monde), le fait de refuser les porte-parole ou dans certains ronds-points d’essayer d’en élire. Et je n’ai pas l’impression, en ayant rencontré différents groupes, qu’il y ait une chose commune qui émerge. Même la question du RIC est très discutée. Elle a traversé le mouvement, fin décembre, tout d’un coup. Dans mon groupe, nous sommes très divisés sur cette question. Le jour où par référendum on se débarrassera du capitalisme… Voilà une critique très partagée par contre, de manière plus ou moins profonde : le « Ah ! Ah ! Anticapitaliste ! » ce n’est pas juste un slogan. Pendant des mois on s’attaque aux symboles capitalistes que sont Apple, Amazon, Google, Carrefour, MacDo, etc. Ça, c’est diffus. Dire que le RIC c’est la solution choisie par tous, non, je ne crois pas. Un certain nombre de GJ disent : « Si le vote sauvait, ça se saurait », et on s’en serait aperçu notamment en 2005. Dans la Constitution il y a énormément de choses et rien qui est appliqué, donc des constituantes on peut en proposer un paquet avant que ce soit appliqué. Par contre, sur les élections et la présidentielle je crois que la question du substitutisme est claire : on n’a pas la solution, mais on est contre, et c’est plus largement ce contre quoi on s’est soulevé. Je suis un peu brouillon. J’aimerais qu’on trouve une manière de faire émerger une voix commune des Gilets jaunes. Mais je n’ai pas la solution. Il faudra qu’elle émerge de l’Assemblée des assemblées, qui est le cœur de ça, mais en tenant ces assemblées plus souvent.

Si en décembre on avait choisi des porte-parole, le mouvement était mort. Les GJ se sont élevés contre ça, et avec raison. Je prends un exemple : la mairie de Limoges, Lombertie et le 1er ministre quand il se pointe disent : « Nous voulons rencontrer des Gilets jaunes ». Le préfet, le maire et Philippe se sont entendus : on va faire émerger des porte-parole. Ils en ont choisi 14. On a gueulé sur les ronds-points. Sur les 14, il y a en a eu 7 qui ont eu le droit de parler. Il y avait en tout 8 chefs d’entreprise, de l’artisan au gros, actif et retraité, un DRH. Même si au début du mouvement il y avait des petits patrons, mais c’était une minorité. Parmi les 7 qui ont eu le droit de parler, 5 étaient chefs d’entreprise. Bon, si on avait fait du porte-parolat typique, très vite ça aurait capoté : on rentrait chez soi avec une taxe plus légère et le 90 km/h, et il ne se passait plus rien. C’était le but d’Edouard Philippe. Très vite le mot d’ordre « On ne veut pas de petits chefs » a émergé. Et les présidentielles, ce sont les élections dans lesquelles les GJ ont le moins confiance. Au moment des européennes, ce qui a émergé, c’est : « Vous votez comme vous voulez ou vous ne votez pas ».

Un intervenant :

Pour revenir au vote, je voudrais qu’on sépare l’élection du vote. Parce que si chaque personne donne son avis, ce n’est pas pareil que d’élire une personne qui va ensuite prendre les décisions pour les autres. Par rapport à l’Assemblée des assemblées, je pense que le problème est que les groupes sont plus ou moins connus par les personnes qui pourraient les rejoindre, parce qu’il y a des difficultés à avoir des lieux et les garder.

Un intervenant :

C’est important de penser que les personnes venues à l’Assemblée des assemblées ont du mal à se sentir porte-parole. Il faudrait arriver à faire des assemblées citoyennes, visibles, dans chaque ville, pour soit prendre des décisions pour la commune, soit faire remonter ce qu’il se passe localement.

Par rapport aux présidentielles, chacun fait comme il veut mais 2022 c’est très loin. Dans tous les cas il faut donner directement le pouvoir au peuple. Après tout, si on s’organise bien, on n’a peut-être pas besoin de faire ces présidentielles.

Dominique Thonin :

Tu dis que 2022 est très loin, mais pour moi c’est demain. Une élection présidentielle c’est un an avant et 2021 c’est demain. Il faut s’y prendre suffisamment tôt pour pouvoir essayer de rassembler le plus de gens possible. Parce que pour les GJ et sympathisants ça peut être la solution. Dans la politique qui est menée aujourd’hui, vous voyez quelque chose de vertueux ? Mettre en place une démocratie athénienne ne sera pas suffisant. Je regrette, Antoine, mais il faudra mettre en place une VIème république et il faudra réécrire la Constitution. Aujourd’hui qui le fait ? Et qui vote les textes ? Ce sont les députés. Il va falloir reprendre tout ça en main et ça peut passer par un système de tirage au sort. Parce que si on reprend les mêmes en changeant juste d’étiquette politique, on aura toujours le même problème.

Une intervenante :

Je pense que vous parlez comme ça parce que vous n’êtes pas Gilet jaune. Vous avez écrit un livre sur les GJ de l’extérieur. A l’origine les GJ n’ont plus confiance dans le pouvoir, tout ce qui représente les politiques, les syndicats, c’est pour ça que les syndiqués se sont sentis mal à l’aise au début. Les GJ ne sont pas contre les syndiqués, mais contre toutes les formes de pouvoir représentatives, et vous nous bassinez avec à nouveau la prise de pouvoir par les urnes parce qu’il faudrait un représentant ! Je ne pense pas que cela concerne le mouvement GJ. Je parle pour moi, mais…

Une intervenante :

Je pense que ces histoires d’élections c’est quand même très prématuré, c’est maintenant et dans la rue que ça se passe. Tous les rendez-vous qui ont été donnés par les camarades, c’est là qu’il va falloir être ; que pètente enfin les barrières que certaines personnes ont pu sentir il y a un an.

Dominique Thonin :

Visiblement vous n’avez pas lu mon ouvrage. La défiance des GJ, j’en suis parfaitement conscient. Vous dites que je ne suis pas GJ, je ne sais pas ce qui vous fait dire ça, mais même si je ne suis pas GJ en tant que tel, je suis un GJ sympathisant. Je l’ai porté.

Antoine :

Il n’y a pas de certificat de GJ. Il y a eu tout chez les GJ. Ce n’est pas « L’île aux enfants », il y a eu aussi des fachos. Mais sur ces débats-là on a avancé. Et la question de l’élection a été discutée et évacuée, même si certains avaient des espoirs en une nouvelle élection. Par rapport à ce que tu dis, j’ai un exemple vécu. J’ai milité quelque temps en Italie, c’étaient les débuts de Beppe Grillo : il avait un discours très clair sur une nouvelle constitution, une nouvelle façon de faire de la politique, de redonner le pouvoir au peuple, il était clair sur la question des migrants, etc., et aujourd’hui on voit ce que ça a donné, une fois prise l’habitude du pouvoir, des élections, malgré quelques tentatives positive en politique locale. Beppe Grillo et le Mouvement 5 étoiles se sont très vite intégrés à la démocratie italienne qui, pour le coup, est très éloignée de la démocratie athénienne. Un coup je m’allie à l’extrême droite, le coup d’après pour garder mes postes je m’allie aux socio-démocrates : et ceux qui en profitent, c’est l’extrême droite avec Salvini qui monte. Et le mouvement social s’est écrabouillé. Après avoir été trahi par toute la gauche pendant longtemps, 5 étoiles c’était le truc qui redonnait enfin espoir, et le voilà qui retrahit dans les grandes largeurs ! C’est pour cette raison que je suis très méfiant. Je pense que cette peur du substitutisme, c’est sain chez les GJ. Il y a plein d’opinions différentes chez les GJ, mais c’est ce qu’on retrouve beaucoup dans les différents lieux de débats.

Un intervenant :

Il faut se dire que le côté légal ce n’est pas forcément la chose la plus importante et rien n’empêche de réfléchir en groupe à une nouvelle constitution, pourquoi pas plus démocratique que républicaine. Si un jour on veut quelque chose de légal dans longtemps et qu’on soit bien tous d’accord sur une constitution officieuse qu’on se serait faite au niveau local et peut-être même au niveau national, à un moment donné il faudra prendre légalement les urnes. C’est à ce moment-là qu’il faudra se poser la question.

Dominique Thonin :

Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais à la dernière présidentielle il y avait deux personnes qui avaient initié une primaire citoyenne. Sur la ligne de départ il y avait des volontaires qui devaient rassembler 500 signatures de concitoyens et présenter un programme. Au bout du processus c’est une femme qui est sortie et elle n’a jamais eu ces 500 signatures et n’a pas pu aller au bout du processus. C’est pour ça que je pense qu’il va falloir ferrailler parce que s’ils nous laissent sur le principe des 500 signatures nous aurons ce que nous méritons : Macron (ou la femme pressentie par les banquiers) contre Le Pen au second tour.

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