La protection sociale dans la tourmente néolibérale : l’exemple des retraites.

La protection sociale dans la tourmente néolibérale : l’exemple des retraites.

La réforme du système des retraites préparée par le gouvernement baissera les pensions.

1. Un système par points ne donne pas de garantie de justice. Parce que, en prenant en compte la totalité de la carrière pour accumuler des points, il pénalise ceux qui auront eu des parcours professionnels entachés de chômage, de précarité, de temps partiel ou des carrières professionnelles courtes, les femmes en particulier. Autrement dit, le système par points supprime toute référence à un taux de remplacement du salaire par la pension et il reproduit, sinon les amplifie, les inégalités au travail.

2. En annonçant que la totalité des pensions ne devra jamais dépasser 13,8 % du PIB, ce qu’elles sont aujourd’hui, le projet de réforme fige à jamais la part de richesse que devront se partager des retraités de plus en plus nombreux, diminuant ainsi la part de chacun par rapport à l’enrichissement de la société.

3. Le président Macron avait promis de ne pas changer l’âge légal de la retraite de 62 ans. S’il semble abandonner l’âge dit « du taux plein » pour fixer une durée de cotisation appelée à croître, la décote pour inciter à travailler plus longtemps (alors qu’on compte plus de 6 millions de chômeurs) dégradera tout autant le niveau de la pension.

4. Les travailleurs sauront la valeur du point qu’ils « achètent » avec leur cotisation, mais ils ne connaîtront pas la valeur du point qui leur sera « servie », dans la mesure où elle sera ajustée à volonté par le gouvernement en fonction de l’économie, sans que l’on sache si elle suivra l’évolution du revenu moyen par tête et si elle sera indexée sur l’inflation.

5. Le système par points est par définition contributif, il exclut donc a priori toute idée de redistribution et de solidarité. Certes, il est prévu de maintenir la part de solidarité… sauf pour les pensions de réversion (qui seront conservées mais en reculant l’âge y ouvrant droit et en défavorisant de nombreuses personnes touchant pourtant de basses pensions) ; droits familiaux censés être accordés « dès le 1er enfant », alors que la majoration de durée d’assurance actuelle pour chaque enfant disparaît.

6. Les fonctionnaires verront leurs primes intégrées dans le calcul des points. Mais beaucoup d’entre eux ne perçoivent que des primes dérisoires.

7. Promettant de garder le système par répartition, le gouvernement élargit les conditions d’une épargne retraite par capitalisation pour les titulaires de hauts revenus.

J.-M. H., septembre 2019.

Jean-Marie Harribey est professeur agrégé de sciences économiques et sociales, ancien Maître de Conférences en sciences économiques à l’Université Montesquieu-Bordeaux IV, Docteur habilité à diriger des recherches en sciences économiques, co-président du conseil scientifique d’ATTAC depuis 2015, directeur de publication de la revue Les Possibles, chroniqueur à Politis, membre de la Fondation Copernic, ancien co-président d’ATTAC de 2006 à 2009, ancien co-président des Économistes atterrés de 2011 à 2014.

Domaines de recherches :

* Critique de l’économie politique

* Théorie de la valeur

* Socio-économie du travail et de la protection sociale

* Développement soutenable, Economie et écologie

Blogs :

Economie alternative (Blog sur la page du mensuel Alternatives économiques)

Dessine-moi une économie (Blog sur la page du journal Le Monde)

Derniers ouvrages parus, seul ou en collaboration :

– Passerelles vers l’avenir, Préface à Attac, L’Abécédaire engagé, 2018 ;

– La monnaie, un enjeu politique (Économistes atterrés : Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Jonathan Marie, Dominique Plihon, Jean-François Ponsot), 2018 ;

– Faut-il un revenu universel ? (Économistes atterrés, Fondation Copernic : Jean-Marie Harribey et Christiane Marty, coordinateurs), 2017 ;

– Changer d’avenir, Réinventer le travail et le modèle écononomique (Économistes atterrés : Mireille Bruyère, Benjamin Coriat, Nathalie Coutinet, Jean-Marie Harribey, coordinateurs), 2017 ;

– Par ici la sortie, Cette crise qui n’en finit pas (Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Esther Jeffers, Frédéric. Lemaire, Dominique Plihon), 2017.

La soirée c’est le 16 octobre à 20h30 au Cira : EAGR, 64 av. de la
révolution à Limoges.

Compte rendu :

La protection sociale dans la tourmente néo-libérale : l’exemple des retraites Voici la première partie du compte-rendu de la soirée du 16 octobre 2019

Cette soirée n’a réuni qu’une douzaine de participants, en dépit de l’actualité du sujet et de la qualité de l’exposé de Jean-Marie Harribey. Cela pose très sérieusement la question de l’avenir du cercle Gramsci. Mais à quelque chose malheur est bon : ce tout petit nombre de participants a permis un dialogue très fluide. Nous avons tous ensemble décidé que la soirée ne serait pas scindée en deux parties comme d’habitude (exposé suivi d’un débat) mais que les remarques ou les questions des intervenants pourraient couper l’exposé de notre invité. Cet exposé était illustré de graphiques. De façon un peu artificielle, le compte-rendu ci-dessous fait comme s’ils étaient sous les yeux du lecteur, mais les descriptions de J-M H sont assez précises pour qu’on imagine ces graphiques. On les trouvera tous sur le site : http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/retraites/index-retraites.html Plusieurs autres textes récents de J-M H sont lisibles sur ce site. Enfin le Monde diplomatique n° 790 (janvier 2020) propose un dossier détaillé « Retraites, la réforme de trop » pp. 11-17, avec des articles de Martine Bulard, Nicolas Castel, Bernard Friot, Aurélien Casta, Serge Halimi, Raphael Kempf, Danièle Linhart, Sylvain Leder.

J-M H : La question des retraites est au centre de l’actualité. Le gouvernement Macron a décidé de procéder à une nouvelle réforme, qui va s’ajouter à toutes les précédentes. Car il y a déjà eu cinq ou six réformes différentes, menées chaque fois par un gouvernement différent. Chacun a cru devoir faire sa réforme.

Toutes ces réformes ont conduit d’une part à allonger la durée de cotisation : de 37,5 années pour bénéficier de la retraite à taux plein, cette durée est passée progressivement à 42 ans et va bientôt passer à 43 pour les générations nées à partir de 1973. L’âge de la retraite, qui avait été fixé à 60 ans à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, a été reculé à 62 ans, et vous savez que dans son projet actuel le gouvernement veut encore modifier cet âge-là, mais sous des formes déguisées.

D’autre part, depuis la première réforme (celle de Balladur en 1993), le calcul de la retraite qui était fait auparavant sur les 10 meilleurs années est passé aux 25 meilleures années, avec le risque plus important d’avoir dans ces années-là des périodes de chômage, de sous-emploi, de temps partiel, et la baisse des pensions qui en résulte.

D’autant que les pensions ne sont plus, depuis cette époque, revalorisées en fonction de l’évolution des salaires, mais en fonction de l’évolution des prix. Quelle est la différence ? Le plus souvent (mais pas toujours) surtout dans la période que nous connaissons depuis trente ans, cette période qu’on appelle néo-libérale, la hausse des prix est inférieure à la hausse des salaires. Donc en décrochant l’évolution des pensions de l’évolution des salaires, on est sûr que relativement aux revenus des salariés, ceux des retraités diminuent. Et si jamais les salariés ne satisfont pas à la durée de cotisation exigée, une décote de 5 % par année manquante leur est appliquée ; et ça chiffre vite, en termes de baisse des pensions !.. La carotte, c’est la surcote, si le salarié dépasse les 42 ans de cotisation.

Quelques chiffres

Voici quelques données chiffrées : les retraites en France aujourd’hui, c’est 14 % du produit intérieur brut (PIB) c’est-à-dire 320 milliards d’euros par an. Il y a eu au cours de ces dernières années une hausse de 2,6 % pour arriver à ces 14 %, non pas parce que les retraites ont augmenté, mais parce que le PIB a très peu augmenté. Les réformes des retraites précédentes avaient fait en sorte, en diminuant le niveau des pensions, de diminuer le déficit. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) jusqu’à l’année dernière prévoyait un quasi-équilibre des systèmes de retraite pris dans leur globalité ; mais, dans ces derniers mois, le COR en a remis une louche en disant que le déficit allait repartir de plus belle dans les prochaines années.

Il existe un minimum vieillesse qui est de 803 euros par mois pour une personne seule (1247 euros pour un couple) auquel peut s’ajouter l’allocation logement. Ce qui fait que le taux de pauvreté des personnes de plus de 65 ans (8% selon les derniers chiffres) est inférieur à celui de la population totale (14%). Cela montre que notre système de retraites n’est pas si mal fichu que ça. Il faut cependant nuancer, car ce taux de pauvreté est plus important pour les femmes.

Il y a en France aujourd’hui 60 retraités pour 100 travailleurs actifs, et les démographes prévoient qu’il y en aura un peu plus d’ici une quarantaine ou une cinquantaine d’années : on estime cela à 80 retraités pour 100 actifs. Mais quelle est l’ampleur du problème qu’occasionnera cette augmentation de la part des personnes de plus de 65 ans ? Il y aura un besoin accru de financement. Mais (c’est le Haut Commissaire Jean-Paul Delevoye1, chargé de piloter la réforme des retraites actuelle, qui le dit dans ses premières consultations avec les organisations syndicales au cours de l’année passée) on n’a pas le couteau sous la gorge ! Quand on examine le taux de dépendance des travailleurs inactifs par rapport aux travailleurs actifs, il faut considérer qu’il n’y a pas que les personnes âgées à faire vivre : il y a les enfants, la jeunesse et toutes les personnes malades ou au chômage qui ne peuvent pas accéder à l’emploi. Et si on fait le total de ces catégories, il y a aujourd’hui 170 inactifs pour 100 actifs. Cela relativise un peu la question du financement des retraites. C’est un problème récurrent de financement, mais qu’on a toujours réussi à résoudre, pour le moment.

Les « 42 régimes spéciaux »

Un des arguments répété, asséné, martelé par le gouvernement, c’est qu’à cause de notre histoire sociale, il y a beaucoup de régimes de retraite différents. En 1945, quand on a créé la Sécurité Sociale avec ses quatre branches (maladie, vieillesse, famille et chômage) cela a constitué une première tentative importante d’unification, mais il est resté des secteurs professionnels qui, pour diverses raisons, ont tenu à garder chacun sa spécificité. C’est ça qui est en ligne de mire aujourd’hui : supprimer ces régimes de retraite.

Avant la première réforme de 1996, dans tous ces régimes tous les salariés, du privé comme du public, avaient un taux de remplacement (c’est-à-dire le rapport entre la pension et l’ancien salaire ) égal à 74 ou 75 %. Par-delà la différence des régimes et la manière dont on calculait tout ça, il y avait finalement un même taux de remplacement : c’est assez étonnant et original ! Il aurait fallu conserver cela comme objectif. Ce n’est que depuis l’introduction des réformes que les inégalités se sont accrues. D’autant plus que c’est la période (les années 1990) où le chômage a explosé, où la précarité a explosé, et fatalement ça a créé des inégalités ; ou plutôt les inégalités dans le travail se sont répercutées de façon accrue dans les pensions.

Il y a 16 millions de retraités aujourd’hui, 17 millions si on ajoute les pensions de réversion (versées au conjoint survivant) et la retraite moyenne est de 1789 euros bruts par mois avec un gros écart entre hommes et femmes : 39 % de moins pour les femmes, avec un écart qui se réduit, mais très peu. La pension de réversion est celle que touchent essentiellement les femmes, car il y a plus de veuves que de veufs.

Quelques définitions

Avant de décortiquer la réforme Macron, faisons un petit rappel sur les définitions des systèmes de retraite. La définition canonique du système dit « par répartition », c’est que les travailleurs actifs paient des cotisations sociales qui sont utilisées dans l’instant pour payer des pensions. Sur la base des annuités de cotisation, les prestations sont définies et connues à l’avance : c’est-à-dire que dans le système actuel (avant la réforme qui nous pend au nez) en fonction du statut du futur pensionné, ce dernier sait combien il touchera à quelques euros près. C’est ce qu’on appelle un système « à prestations définies », alors que dans le système qu’on veut nous imposer on ne connaît pas à l’avance les prestations, on ne connaît que les cotisations : ce sont les cotisations qui sont définies à l’avance.

Qu’est-ce qu’un système par capitalisation ? C’est là que commence l’entourloupe intellectuelle (et donc politique) du matraquage dont nous sommes l’objet. On nous dit qu’un système par capitalisation, c’est un système dans lequel chacun prépare sa propre retraite : chacun met de côté, pour retrouver son capital à la retraite. C’est une idiotie ou un mensonge.

Même dans un système par capitalisation, ce sont les travailleurs actifs qui vont payer cette retraite. En effet, si on vous impose de souscrire à des plans de retraite mirifiques par capitalisation, que se passe-t-il ? Pendant que vous travaillez, vous payez non pas des cotisations à la Sécurité Sociale, mais des primes aux compagnies d’assurance ; lesquelles avec ces primes achètent des titres financiers pour vous, placent cet argent ; et lorsque vous prétendez à la retraite, le fonds de pension ou la compagnie d’assurance vend ces titres financiers pour pouvoir les monnayer et vous verser une pension. A qui les vend-il ? Eh bien, à la génération suivante, qui travaille. Selon la bonne vieille loi de l’économie politique (que Marx avait comprise) seul le travail produit de la valeur au sens économique du terme. Toute la valeur économique qui est distribuée dans le monde entier provient du travail. Ensuite, cette valeur économique produite par les travailleurs passe par plusieurs canaux : le canal des salaires directs, le canal des prestations sociales (soins de santé, prestations familiales, prestations chômage, retraites) et les profits. Mais tout provient du travail.

Il y a une entourloupe, parce qu’on instille l’idée que vous préparez votre propre retraite. Or, non : on ne finance jamais sa propre retraite, ce sont toujours les travailleurs en activité qui la paient. La grande différence qu’introduit un système par capitalisation par rapport à un système dit par répartition, c’est que les compagnies d’assurances ou les institutions financières vont introduire des modifications dans la manière dont vont se répartir les richesses produites. Celui qui a des revenus importants pourra souscrire à des plans de retraite intéressants, et celui qui n’a pas ces revenus ne le pourra pas. La retraite par capitalisation, elle répartit elle aussi (mais différemment) la valeur ajoutée produite.

Dans le système financier mondialisé aujourd’hui, il y a de gros risques que les fonds de pension placent vos primes dans les pays du monde où la main-d’œuvre est mal payée, où les profits financiers sont plus importants ; donc le gros risque, ce n’est pas que les titres financiers s’effondrent (tant pis pour vous !) ; non : le risque politique, beaucoup plus important, c’est que les travailleurs à l’autre bout du monde paient votre retraite. Et ça, c’est inadmissible du point de vue de la solidarité internationale.

La « réforme » Macron

Venons-en au projet Macron.

Depuis un an et demi, le Haut Commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye a été chargé de piloter cette réforme et a reçu les syndicats ; chaque fois, il leur présentait un diaporama (beaucoup plus joli que le mien, mais moins bon sur le fond) et ce que vous voyez à l’écran est tiré de son premier diaporama : cette image est extraordinaire.

[J-M H projette sur l’écran un premier graphique]

Sur l’axe horizontal, on mesure l’écart de niveau de vie entre les travailleurs actifs et les retraités : plus on va vers la droite, plus on se rapproche de la parité des niveaux de vie. Sur l’axe vertical, c’est le degré de caractère collectif ou privé du système des pensions : plus on va vers le haut, plus le système est collectif. Où se situe la France, dans ce schéma ? Au « top niveau » ! On a le meilleur système au monde en croisant ces deux critères. Et ça, c’est Jean-Pierre Delevoye qui le montre !

On a le meilleur système, parce qu’il assure à la fois un niveau de vie des retraités très proche de celui des travailleurs actifs, et en même temps il a ce degré se socialisation, de mutualisation, de collectivisation, alors que d’autres pays… regardez les États-Unis par exemple : en matière de parité ils sont en position moyenne, mais c’est un système qui est privé. Ou la Belgique : un système avec un haut degré de collectivité, mais qui n’assure pas la parité. D’où ma question : pourquoi diable faudrait-il modifier un système qui est, sinon le meilleur, du moins parmi les meilleurs du monde ?

Pour la raison que je vais vous exposer (ça va être le passage un peu technique dans mon exposé). Le COR a soulevé le problème logique suivant : depuis la réforme Balladur de 1993, les pensions ne sont plus indexées sur les salaires mais sur les prix ; les salaires bon an mal an suivent la progression de la richesse produite ; pas toujours ; mais, bon, depuis quelques années c’est le cas. Comme les pensions sont désindexées de l’évolution des salaires, plus la croissance économique est forte (plus la croissance des richesses produites est importante) plus les salaires augmentent, et moins les pensions (qui augmentent, mais plus faiblement) représentent une part importante dans le PIB. Et inversement : plus la croissance est faible, plus la part des pensions a tendance à augmenter dans le PIB… Catastrophe ! C’est une catastrophe économique pour le gouvernement, qui veut à tout prix que cette part des pensions dans le PIB n’augmente plus jamais ! Elle est à 14 % actuellement, très près de 14,1 %, et il ne faut surtout pas qu’elle augmente ! Or nous sommes maintenant dans une crise capitaliste mondiale où on ne peut plus espérer avoir un taux de croissance important. D’abord parce que les salariés ne sont pas payés suffisamment pour absorber toutes les marchandises, ensuite parce qu’il y a une crise écologique majeure. Même dans la tête des partisans forcenés de la croissance économique, espérer des taux de croissance importants est devenu impossible. Ils n’y croient même plus, eux ! Comme ils veulent à tout prix baisser le niveau des pensions par rapport au PIB, et comme ce PIB augmentera faiblement voire très faiblement, eh bien, il faut limiter le niveau des pensions.

[autre graphique]

Voici un graphique produit par le COR en fonction de quatre hypothèses différentes de croissance de la productivité du travail, qui commande toujours la croissance de la production. Ces hypothèses sont de 1 %, 1,3 %, 1,5 %, ou 1,8 % d’augmentation de la productivité du travail en 2020, 2030, 2050, etc.

Regardez la part des pensions dans le PIB, sur les 40 ou 50 prochaines années : on voit bien que plus la croissance économique est faible, plus il y a un « risque » que les pensions occupent une part importante dans le PIB et dépassent les fameux 14 %. Plus la croissance est forte, plus cette part diminue. Mais les experts économiques proches du gouvernement en France ou dans le monde entier, les libéraux (FMI, Banque mondiale, OCDE, etc.), n’espèrent même pas atteindre un taux de croissance de 1,8 %, qui n’est pourtant pas très élevé. Donc, pas d’autre solution : il faut chambouler le système des retraites afin d’être sûr que, quelle que soit la croissance, la part des pensions n’augmentera pas par rapport au PIB.

C’est ça, le secret de la réforme Macron. Ce n’est pas pour rendre le système des retraites plus juste, nous allons le voir.

Macron répète constamment : un euro de cotisation donnera le même droit à tous. C’est un mensonge. Pourquoi ? Parce que quand vous arrivez à 60 ans, vous n’avez pas la même espérance de vie si vous avez effectué des travaux pénibles, si vous avez été ouvrier, ou si vous avez été cadre supérieur. Il y a un écart très important : pour les hommes il est de 6,4 années. Donc un euro de cotisation ne donnera forcément jamais le même droit. Ce système par points, dont le principe est de cumuler un nombre de points depuis le début de la carrière (ça ne sera plus les 10 ni les 25 meilleures années) va intégrer les périodes d’emploi réduit, de chômage, d’emploi partiel ou total. Plus vous avez un mode de calcul de la pension en fonction d’un nombre d’années important, plus vous avez un risque de diminution de la pension.

On va donc passer d’un système à prestations définies, à un système à cotisations définies. Ce n’est pas de la capitalisation, mais ça instille l’idée qu’en accumulant des points on prépare sa retraite, donc c’est un renforcement de l’idéologie individualiste qui nous est serinée depuis des décennies avec le néo-libéralisme.

Je ne vous dis rien sur les comptes notionnels, car cette option a été abandonnée par le gouvernement, semble-t-il.

Le régime par points existe déjà pour la retraite complémentaire des salariés du privé, qui s’ajoute à la retraite du régime de base. Le régime de base assure 25 % du salaire sur la moyenne des meilleures années jusqu’à hauteur du plafond de la Sécu, et il y a en outre les retraites complémentaires organisées par l’ARCO pour les employés et l’AGIRC pour les cadres ; ces deux régimes sont fusionnés depuis le 1er janvier, et sont appelés à disparaître dans le futur système.

Dans ce système à prestations non définies, la grande inconnue sera la valeur du point. Le rapport remis par Delevoye au mois de juillet a donné quelques précisions sur cette valeur. A l’entrée dans la carrière, le point sera acquis pour 10 euros de cotisation. La valeur servie au moment du départ à la retraite sera de 0,55 euros de pension par mois, soit un rendement de 5,5 %. Ce n’est qu’une indication, bâtie sur une hypothèse de croissance de la productivité de 1,3 %. La deuxième inconnue, qui bien sûr ne figure pas dans le rapport Delevoye, c’est sur quelle base les droits seront revalorisés.

Il y a deux types de revalorisation : celle des points accumulés, ou celle des pensions servies. Pour l’instant, on n’a pas d’indication ; cela fera sans doute partie des négociations avec les syndicats. On sait seulement que la revalorisation des pensions aujourd’hui suit la hausse des prix ; et on sait que pour 2019 et 2020, les pensions (contrairement aux engagements de l’État, pris par Balladur) ne seront pas revalorisées en fonction des prix mais seulement de 0,3 %. Or les prix augmentent, du moins officiellement, entre 1 et 1,5 % et ça fait donc une perte de pouvoir d’achat importante pour les retraités. Le tollé a été tel que le gouvernement a été obligé de renoncer à cette mesure de sous-indexation pour les pensionnés qui ont une retraite inférieure à 2000 euros par mois. Mais vous voyez que cette menace de sous-indexation continue à peser, avant même que la réforme soit menée au bout.

Un intervenant pose une question sur la définition de la croissance et le lien entre productivité du travail et PIB.

J-M H : La croissance de productivité du travail, en dernière analyse, commande toujours la croissance économique et celle du PIB. Il n’y a jamais de distorsion importante entre les deux.

J’avais prévu pour ma conclusion ce schéma sur l’évolution de la croissance de la productivité dans le monde selon les statistiques officielles, mais votre remarque me conduit à le montrer dès maintenant.

[autre graphique]

Voici la courbe de la croissance de productivité dans le monde : après une légère montée au cours de la décennie 2000, on a une diminution de cette croissance de la productivité. Et ce matin à la radio, le FMI a annoncé un pronostic de croissance plus faible encore. Pourquoi cette embellie temporaire dans les années 2000 ? Parce que pendant 10 ans environ, la moyenne mondiale a été tirée par ce qu’on appelle les pays émergents (Inde, Chine, etc.). Mais déjà depuis 10 ou 15 ans la tendance s’est retournée pour ces pays-là aussi. C’est ce qui inquiète beaucoup les économistes dominants. La productivité du travail augmente plus faiblement qu’avant. Dans les années d’après-guerre et dans les pays développés, la croissance de la productivité du travail, c’était 5 ou 6 % de plus par an ; et la croissance du PIB à peu près autant.

Un intervenant : « Et la productivité, vous la calculez comment ? »

J-M H : Bonne question. C’est tout simple… non, c’est compliqué, mais on peut en donner une définition simple. C’est un rapport, une fraction : au numérateur la production, au dénominateur la quantité de travail. Cette quantité, on peut la mesurer en nombre de personnes employées, ça vous donne la productivité individuelle, par tête. Ou bien vous comptez le nombre de travailleurs multiplié par la durée du travail, donc la quantité d’heures de travail utilisées pour produire, et alors vous mesurez la productivité horaire. Les deux indicateurs sont à peu près voisins ; l’un est plus précis que l’autre, puisqu’il fait intervenir la durée du travail… ce qui peut être très important pour introduire l’idée que la diminution du temps de travail peut réduire le chômage, mais on verra ça plus tard. Pour le numérateur, le PIB, on ajoute toutes les productions diminuées des consommations intermédiaires.

Un intervenant demande quelle est la différence entre PIB et produit intérieur net.

J-M H : Ce qui différencie le PI Brut du PI Net, ce ne sont pas les impôts mais les amortissements : le capital, les machines. Comment fait l’INSEE ? Il recense toutes les déclarations de la production des entreprises. Il enlève les consommations intermédiaires et il ajoute les valeurs ajoutées par toutes les entreprises du pays et par les administrations publiques : la Santé, l’Éducation nationale comptent dans le PIB. Le PI Brut, c’est cette somme brute des valeurs ajoutées. Si on enlève les amortissements des équipements, alors on a le PI Net, qui est égal par définition à la somme de tous les revenus distribués dans l’économie : les salaires (en comptant les cotisations sociales) et les profits. A l’intérieur de ça il y aura une redistribution par le bais des impôts, mais c’est une autre étape. Pour mesurer la productivité du travail, on utilise en général le PI Brut. On utilise parfois le PI Net, mais comme les amortissements d’une année sur l’autre ne varient pas beaucoup, ça donne une évolution dont la tendance est à peu près similaire.

Je reviens à ma démonstration.

Quels sont les défauts du système par points ? J’ai déjà dit qu’il prenait en compte l’ensemble de la carrière, et que donc il ne pouvait qu’aboutir à une baisse des pensions. Et cela, au nom d’une contributivité stricte. Ce qui est déjà une différence avec le système actuel, qui est certes contributif au sens où votre pension ressemble à votre salaire antérieur et les inégalités dans le monde du travail se retrouvent dans les pensions, mais des dispositifs font que dans le système actuel il y a une part non négligeable de redistribution. Selon les calculs du COR, on redistribue environ 24 % à l’intérieur du système actuel des retraites. Dans un système purement contributif, vous excluez la possibilité de redistribution, donc d’une petite réduction des inégalités. Delevoye répond à ça : « Oui, mais on va introduire des correctifs, des points supplémentaires… » mais on n’a aucune précision sur ces points supplémentaires. Pour l’instant il y a une très grosse discussion sur la pénibilité. Vous savez que dans la réforme portée par Hollande, qui avait porté l’âge de la retraite à 62 ans, il y avait une seule chose positive : on avait introduit une relative prise en compte de la pénibilité. Le MEDEF a freiné des quatre fers pour éviter une extension trop importante de cette prise en compte, et pour l’instant on n’a aucune assurance que les pressions que va continuer à exercer le MEDEF n’auront pas pour conséquence que le système par points aura très peu de correctifs.

Un intervenant pose une question sur « l’âge-pivot ».

Oui. Il y avait eu, au temps de la première gauche au pouvoir dans les années 1980, l’instauration de l’âge de la retraite à 60 ans, et puis progressivement on est passé à 62 , et maintenant, parmi les inconnues qui restent en suspens, il y a cette idée de « l’âge pivot » ou âge d’équilibre financier. Cela a été au cœur de la discussion au cours de l’an dernier avec les syndicats, parce que par petites touches successives, Delevoye a instillé l’idée qu’on allait garder (conformément à la promesse de Macron) le droit de prendre sa retraite à 62 ans ; mais qu’on ne pourrait la toucher à taux plein que deux ou trois ans après… 63 ans, 64 ans ? Le MEDEF bien sûr en rajoute une couche : 65 ans, voire 67 ans. L’autre problème, c’est qu’au cours de sa conférence de presse du mois d’août, Macron, quand la journaliste lui a posé la question de l’âge du taux plein, a dit : « Ah non, je ne suis plus d’accord, je préfère qu’on allonge la durée de cotisation », changement qui a surpris tout le monde.

Mais aujourd’hui, le risque, c’est qu’on ait les deux trucs à la fois : âge du taux plein et allongement de la durée de cotisation. Ce qui met la puce à l’oreille, c’est le lancement du grand débat sur les retraites par Macron, à Rodez, il y a dix jours ; la veille ou l’avant-veille, il avait fait une déclaration que je vous répète de mémoire (les mots exacts sont dans ma chronique de Politis de demain matin) : « Nous ne faisons pas une simple réforme des retraites, nous sommes en train de reconstruire le modèle du travail de façon à ce qu’on repense le travail tout au long de sa vie ». Donc la menace est déclarée. Ils vont sans doute fixer un âge avant lequel vous n’aurez pas droit au taux plein, vers 64 voire 65 ans ; et « en même temps » comme dirait l’autre, ils vont allonger la durée de cotisation.

Travailler plus pour BlackRock

Tout ça, bien sûr, c’est pour travailler le plus longtemps possible, quelles que soient les modalités. Vous vous en souvenez, au printemps dernier le Parlement a adopté la loi « PACTE » (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises présenté par Bruno Lemaire, ministre de l’économie), dans laquelle il y avait de nouvelles dispositions sur l’épargne-retraite. En France la retraite par capitalisation n’est pas très développée, mais il y a quand même la possibilité d’avoir des plans d’épargne-retraite. Le gouvernement veut inciter au renforcement de ces plans d’épargne. Il a regroupé tous les dispositifs qui existaient (il y avait des tas de dispositifs éparpillés) sous le nom de Nouveau Plan épargne-retraite. Il a maintenu tous les allègements fiscaux, et il a ajouté la possibilité pour le futur retraité, au moment du départ à la retraite, de retirer tout son capital au lieu de percevoir une rente viagère comme c’était jusqu’ici la règle. Les plans d’épargne-retraite représentent environ 260 ou 270 milliards d’euros de dépôts en France et le gouvernement veut que ça passe à 300 milliards. Donc il veut renforcer l’épargne, au nom de l’idée qu’il faut donner aux entreprises la possibilité de se financer plus facilement.

Or il y a en France un taux d’épargne hallucinant : 17 % ! Et il y a 1700 milliards d’euros d’assurance-vie, qui sont placés en actions !… C’est-à-dire quasiment l’équivalent d’une année de produit intérieur net ! Et les organismes financiers mondiaux (FMI, Banque mondiale, OCDE) nous disent tous : « Il y a trop d’épargne dans le monde » !

Et où va-t-elle, cette épargne ? Pas dans l’investissement, encore moins dans l’investissement pour la transition écologique, mais dans des placements purement financiers, ce qui fait que vous avez une machinerie financière, un casino financier perpétuel qui grossit, grossit, et qui va un jour ou l’autre nous exploser à la figure. Et pour faire entrer un peu plus complètement la France dans ce gigantesque maelstrom financier mondial, le gouvernement veut augmenter l’épargne ! Quelle imbécillité !

Mais une imbécillité calculée, bien sûr : ils ne sont pas fous. Cela permet aux institutions financières, aux banques en particulier, de glaner des sommes très importantes qui leur servent de matelas pour ainsi dire, afin de mener leurs propres activités spéculatives.

Par parenthèse : vous savez que les banques centrales, depuis la crise de 2007, ont injecté des quantités astronomiques d’argent dans les circuits financiers, des milliers de milliards de dollars. Les bilans des banques centrales ont gonflé démesurément. Où est allé cet argent ? Très peu dans le financement des investissements (les banques y regardent à deux fois avant de prêter, surtout aux PME) mais soit il est resté en dépôt sur les comptes bancaires auprès de la banque centrale, soit il est allé nourrir la spéculation financière. Cette injection d’argent a permis la reconstitution des réserves.

[autre graphique]

Voici des projections sur ce que va donner cette réforme, en prenant des exemples moyens, assez simples : deux salariés du privé, quelqu’un né en 1961 et quelqu’un de la génération suivante qui pourrait être son fils ; le premier a une retraite sous le régime actuel, le second sous le futur régime s’il se met en place. Actuellement, le premier a un taux de remplacement de son dernier salaire de 73 % et celui de la génération suivante aura un taux de remplacement de 56 %. Même chose pour les salariés du public, dans l’autre exemple : le taux de remplacement va baisser de dix points.

Un intervenant pose une question sur les exemples donnés.

J-M H : Oui, il y a d’autres exemples dans le rapport Delevoye, que je n’ai pas apportés. Vous les trouverez facilement sur internet. Ils introduisent tous un biais méthodologique frauduleux (n’ayons pas peur des mots) qui consiste à calculer la retraite qu’aurait le premier salarié si on le faisait passer dans le futur système… et non pas dans le système actuel ! Alors là, évidemment, entre deux générations il n’y aurait pas tant d’écart ! Et tous les exemples montrés dans le rapport Delevoye sont bâtis de cette façon, qui est clairement frauduleuse2.

Des pistes alternatives ?

Est-ce qu’il y a des pistes alternatives ? Sur quoi faudrait-il se battre ? Les questions que vous m’avez posées sur le PIB, le produit intérieur net (PIN), etc., vont nous servir maintenant. Tous les revenus proviennent de la production, qui elle-même provient du travail. Une fois qu’on a enlevé les consommations intermédiaires et les amortissements, ça nous donne le PIN qui est la somme de tous les revenus distribués. Donc la question des retraites pose d’abord celle du premier arbitrage à opérer : la répartition entre capital et travail. Par exemple, dans les entreprises, c’est le premier problème à régler. L’augmentation des salaires au détriment des profits. Et ça d’autant plus que les gains de productivité sont devenus faibles.

[autre graphique]

Voici un petit schéma que j’ai tiré de la Banque de France, laquelle n’est pas un repaire de gauchistes. C’est, depuis les années 1950, l’évolution qu’a suivi la part du travail dans la valeur ajoutée : après une tendance à l’augmentation jusqu’au milieu des années 1970, il y a eu une chute brutale (en France, une perte de dix points en dix ans) pour arriver aujourd’hui à une relative stabilisation au cours des dernières années. Cela veut dire que sous l’influence du capitalisme dit néolibéral, il y a eu une détérioration du partage de la valeur ajoutée entre capital et travail, et un déplacement très net du curseur du côté du capital au détriment du travail. On ne résoudra pas le problème des retraites si on ne s’attaque pas à ce premier problème.

Un intervenant demande si les très hauts salaires des dirigeants sont comptés dans le travail.

J-M H : Hélas oui ! On considère ces très hauts « salaires » comme de vrais salaires, alors qu’ils sont des profits déguisés, par exemple sous forme de stock-options, entre autres. Cela fausse la statistique. La situation est en réalité encore pire que ce que montre le schéma.

D’autant plus que les gains de productivité sont faibles. Le gâteau ne grossit pas beaucoup, ça aiguise les appétits. D’autant plus aussi que toute modification de la structure par âges de la population (ici, le vieillissement) oblige à modifier la répartition, non seulement entre capital et travail, mais au sein même de la masse salariale. Par exemple une augmentation des cotisations, et la répartition entre salaires directs et prestations sociales. Et cette seconde répartition est d’autant plus difficile qu’on n’a pas réussi à s’attaquer à la première répartition. Mieux on aurait réglé la première, plus il serait facile de régler la deuxième.

Un intervenant note que les schémas ne concernent que la situation en France.

J-M H : Oui, mais ce graphique-là est valable pour tous les pays aujourd’hui. Il n’y a pas une exception. Dans tous les pays, il y a eu une détérioration de la part salariale dans la valeur ajoutée. Le FMI, La Banque mondiale, l’OCDE, ont longtemps nié cette dégradation, mais ils la reconnaissent tous depuis 10 ou 15 ans. L’Organisation internationale du travail (OIT) a établi la statistique récemment : il y a une détérioration de la part salariale partout dans le monde. Avec des disparités, évidemment, selon les pays et selon les secteurs d’activité ; mais la tendance est générale depuis le début des années 1980.

Le même intervenant pose une question sur la plus-value.

J-M H [trace un schéma] : Voici un grand rectangle : c’est la production. J’enlève les consommations intermédiaires… (Que sont les consommations intermédiaires ? Vous ne me l’avez pas demandé, alors je vous le dis quand même… Prenons l’exemple de cette table : des bûcherons ont scié des arbres, les arbres ont été vendus à une scierie qui en a fait des planches, qui ont été vendues à un menuisier pour faire cette table. Donc à chaque étape une valeur a été ajoutée. Mais je ne peux pas tout additionner pour avoir la valeur de la table : ce serait compter plusieurs fois la valeur du bois sous forme de table, de planches, et d’arbre. Ce sont ces consommations dites intermédiaires, qu’il faut enlever). La somme de toutes les valeurs ajoutées brutes donne le PIB, et donne la valeur ajoutée nette si, de ce PIB, j’enlève les amortissements. Que va-t-il rester ? Le PIN, c’est-à-dire les salaires et la plus-value (profits). Donc la plus-value est une partie de la valeur ajoutée par le travail.

Le premier problème et le plus important, c’est donc l’arbitrage entre capital et travail : la part des profits dans le partage de la valeur ajoutée nette. Le second problème, nous l’avons vu, c’est le partage à l’intérieur même de la masse salariale car la structure de la population a changé, et le partage entre salaires directs et indirects (prestations). Troisième problème : il faut se battre pour indexer les pensions sur les salaires, et ceux-ci sur la productivité, car la productivité peut progresser beaucoup plus vite que les salaires.

Je pense que toutes les organisations syndicales se sont plantées depuis trente ans en n’anticipant pas ce qui nous arrive maintenant. Il aurait fallu faire des propositions pour unifier les régimes. Cette absence d’idées, on va la payer cher, parce que dans la population il est facile d’agiter l’épouvantail des 42 régimes spéciaux et de faire croire qu’on promeut l’égalité. On aurait très bien pu, sans diminuer les droits, unifier ces régimes par le biais du taux de remplacement. Quel que soit le secteur, la profession, on aurait dû garantir ce taux de remplacement. Sous couvert d’une fausse égalité, on va supprimer ces régimes en unifiant par le bas.

Un dernier point a un peu progressé dans le débat syndical, mais à mon avis pas suffisamment : si on veut prendre en charge une population qui vieillit, qui est souvent dépendante, il faut augmenter les cotisations. Nous allons voir comment…

Compte-rendu : M.G.

1Chacun sait que, juste après la conférence de J-M H, ce Haut Commissaire a été mis lui-même en Haute Pré-Retraite médicale à la suite d’une crise de fillonnite aiguë [NDLR].

2 En effet dans ses exemples, Delevoye se garde de montrer combien les retraités perdront, en passant d’un système à l’autre ; il ne compare pas les deux systèmes ; il montre la différence des retraites entre deux générations, à l’intérieur d’un même système !.. La fraude consiste à suggérer que les exemples illustrent ce qu’ils se gardent bien d’illustrer. Le lecteur inattentif n’y voit que du feu. [NDLR]

 

 

 

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